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Louis Fiolleau

Louis Fiolleau est diplômé en architecture à l’ENSA Nantes en février 2022. Il travaille depuis 5 ans en agence à Saumur et co-fonde l’association ASAP en 2022. Il poursuit dans cette dernière sa réflexion critique, intiée sur les bancs de l'école, sur la production architecturale contemporaine et sur les moyens potentiels de dépasser le ralentissement théorique qui la caractérise.

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Ancre 1

SÉQUENCE 01

CARTE BLANCHE

Temple de la physicalité, le ré-émerveillement face à la sidération

Le temple est le lieu qui abrite et inscrit durablement, dans la ville, le rite cyclique associé à un mythe fondateur. Le mythe de l'anthropocène - ou du motorocène - est celui de la virtualité globale du monde. Face à ce récit dominant se construit alors le mythe de la physicalité, celui qui affirme que tout réseau global est paradoxalement local en tout point et que le monde est constitué d'objets matériels.

 

Pour réactiver ce mythe, un rite bis-annuel doit alors prendre place dans le temple. Celui-ci, à la manière du marteau brisé de Heidegger permet aux individus de réaliser la condition physique de tout l'appareil productif à travers une rencontre fulgurante avec ses composants et ses machines à l'arrêt. Le temple à la physicalité rend donc présents et locaux les 3 actes essentiels à l'homme : manger, chauffer et parler.

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SÉQUENCE 02

TUEZ VOS PÈRES

Au delà de la Bigness et l'Emptiness

Une théorie de l’autonomie, entre catalyseurs

et formes destructrices du capitalisme

D'après BIGNESS - Rem Koolhaas, 1994

Ecrit en 1994, La Bigness, ‘‘théorème’’ manifeste de Rem Koolhaas et aboutissement d’un ensemble de réflexions sur le potentiel de l’architecture métropolitaine, annonçait l’absorption totale de l’environnement bâti au sein des logiques du capitalisme néo-libéral. La construction de grande échelle - agglomérat complexe et massif de programmes - devait devenir la forme ‘‘maximale’’ de l’architecture, le point culminant où elle abriterait le monde présent et anticiperait le futur. Se séparant des outils classiques de l’architecte qu’elle considère caducs, la Bigness se dessine alors de manière abstraite : une membrane extérieure stabilisant une instabilité programmatique interne qu’il serait alors impossible de décrire.

 Aujourd’hui, la Bigness a changé de base théorique. La chape de plomb imposée par les 20 dernières années d’austérité économique a forcé les architectes à renouveler leur proposition. Les bâtiments de très grande taille continuent de proliférer. Néanmoins, l’économie des moyens devient l’occasion de ‘‘re-focaliser’’ l’architecture sur sa propre discipline - étude typologique, travail de la matière, recherche structurelle...

 Sous l’impulsion d’agences comme Office KGSV et ses ‘‘boxes without content’’, l’Emptiness émerge alors. 
Il s’agit maintenant d’aborder les grandes boîtes à travers la question du périmètre comme cadre d’un monde intérieur ‘‘neutre’’. L’Emptiness se détache donc de toute composante ‘‘impure’’ venant de l’extérieur, abandonnant toute lecture analytique de la société et des forces qui la mettent en mouvement, pour le meilleur et pour le pire ...

 Plutôt que d’emprunter la voie du repli disciplinaire - tenant finalement presque plus de la métamorphose que de la rupture - nous proposerons, ici, une réelle théorie de  l’anti-Bigness. Contre ce qu’elle considère être la résignation nihiliste du théorème koolhassien, cette dernière s’affaire à détourner l’architecture de grand échelle, non pas dans l’objectif de perpétuer les structures de dominations du capitalisme, mais afin d’affirmer, au contraire, l’antagonisme du monde. Face au récit moderne du ‘‘tout fluide’’ et d’une société a-politique, il devient urgent de déclarer que le capitalisme entraîne inévitablement des divergences conflictuelles avec le réel et les individus qui l’habitent...

 Au-delà de la Bigness et l’Emptiness, se trouve alors l’Epicness.

Ancre 2
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TRADUCTION FORMELLE

Des masses aux multitudes,

une communauté de travailleurs dans la Tour Bretagne

Face à l’abandon de la Tour Bretagne aux mains du marché, une alternative est proposée : les vestiges de béton du passé s’entrechoquent alors avec les poutres métalliques du présent pour accueillir une communauté autonome de 200 membres. Détournant les caractéristiques de mobilité extrême des travailleurs de la ville néo-libérale, un réseau aux productions multiples se solidarise à travers une mise en commun radicale des outils de travail, des logements ou des programmes collectifs.

 

Ces espaces entrelacés se dessinent ainsi à des échelles d’appropriation allant de la main de l’habitant à l’action collective des 200 individus : les cellules de logement recomposables, les plateaux réversibles de la greffe ou les espaces typologiquement contraints du socle fixant le dialogue politique de la communauté. De fait, ce projet s’emploie, par sa symbolique et sa réalité matérielle, à entretenir une certaine dialectique du système productif en proclamant haut et fort la présence d’une classe productrice invisibilisée.

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