ASAP est une association de jeunes diplômé.e.s en architecture qui s’intéressent à la production de théorie architecturale et à la possibilité d’une autodétermination de la discipline.

Provenant d’écoles, voire de pays, différents, ses membres ont en commun leur appétence pour la théorie, la forme écrite, et l’exploration de leur médium attitré. Ils revendiquent l’architecture comme sujet à étudier et non comme outil d’analyse des autres forces à l’œuvre.

Ce ne sont pas pour autant des universitaires rigoristes. Leur approche du champ de compétence de l’architecture est plurielle et détournée par moment. On pourrait reprendre comme mantra pour ASAP l’envolée  lyrique de Bruno Zevi dans Apprendre à voir l’architecture : 

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«Il nous vient le désir d’abandonner ces thèmes froidement raisonneurs et ces lunettes intellectuelles et prêcher seulement la haine et l’amour :
une critique partiale, développée d’une point de vue strictement personnel, mais au moins d’un point de vue comme disait Baudelaire, qui ouvre les horizons. 
Et l’on préfère alors retourner à quelque antique historien, à quelque pragmatique ignare, au jugement confus mais passionné, vibrant au moins avec l’œuvre d’art, capable d’une exclamation sincère, ou d’une intuition illuminée. Plutôt que l’exactitude théorique mieux vaut l’énergie du tempérament critique qui a au moins la modestie de sentir.»

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ASAP parodie, détourne et tord avec insolence les outils de l’architecte. La fin justifie les moyens, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Mercenaires autonomes chacun mène sa guérilla sauvage dans un des quartiers de «l’aire de compétence» de l’architecture. Une fois rassemblés, ces comptes rendus du front nous font voir le périmètre morcelé et hétérogène d’une nouvelle approche de la discipline.

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Le thème de cette première édition est « Tuez vos pères ». L’objectif est de requestionner nos corpus de référence, dont la théorie survit parfois par simple argument d’autorité. Qui lit-on ? Pourquoi ? Sommes-nous réellement d’accord avec ce(ux) que l’on cite ?

ASAP fait sa crise d’ado et se rebelle contre ses figures tutélaires. L’exposition se structure autour des réponses de 8 jeunes architectes à 8 de leurs pères spirituels. De Madec à Kroll, de Koolhaas à Olgiati, les traités d’architecture sont photocopiés, raturés et finalement contredits par ceux qui les ont étudiés si respectueusement.

ASAP étant friand d’ironie c’est à l’auteur de l’Anti-Œdipe que nous empruntons la méthode pour faire «un enfant dans le dos», selon ses propres dires, aux pères de la théorie architecturale :

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« Je crois qu’un livre, s’il mérite d’exister, peut être présenté sous trois aspects rapides. On n’écrit de livre digne que 1. si l’on pense que les livres sur le même sujet ou sur un sujet voisin tombent dans une sorte d’erreur globale (fonction polémique du livre) ;

2. si l’on pense que quelque chose d’essentiel a été oublié sur le sujet (fonction inventive) ; 3. si l’on estime être capable de créer un nouveau concept (fonction créatrice).» G. Deleuze

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Ces trois points sont la méthode commune suivie par chaque exposant.e : proposer une relecture contradictoire à un.e auteur.e faisant autorité dans le but d’apporter un nouvel éclairage ou angle d’attaque qui permettrait d’obtenir de nouveaux outils théoriques / analytiques / projectuels. 

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Ces contradictions sont ensuite à leur tour traduites formellement en autant de projets manifestes qui illustrent l’opérance des nouvelles théories œdipiennes produites à l’occasion de cette exposition. Venez découvrir cette nouvelle écurie de bâtards.